Thème: Économie
Publié le 22 février 2023
Communiqué
AU-DELÀ DES CHIFFRES, CE QUE LES POPULATIONS LES MOINS NANTIES NOUS APPRENNENT DE LA PANDÉMIE
L’Observatoire québécois des inégalités dévoile les résultats des entrevues effectuées pour suivre l’évolution des répercussions de la pandémie de COVID-19 auprès de Québécoises et Québécois les moins nantis financièrement. Comment ces personnes ont-elles traversé la période pandémique? Ce nouveau rapport aborde le rôle des facteurs de vulnérabilité et de résilience et met en relief des pistes d’action afin de mieux soutenir les personnes plus vulnérables lors de crises futures.
Alors que la plupart des gens ont repris le cours de leurs activités, d’autres qui ne bénéficient pas de ressources financières suffisantes, d’un réseau social fort ou d’un environnement convivial ont continué à ressentir des répercussions de la crise sanitaire.
La chercheuse Sandy Torres et son équipe ont interviewé à trois reprises au cours de la pandémie une cinquantaine de personnes âgées de 19 à 90 ans, habitant dans diverses régions du Québec et au sein d’un foyer à revenu faible ou modeste. Ces témoignages permettent de mieux comprendre, au-delà des chiffres, comment des femmes et des hommes vivant seuls, des couples retraités ou encore des parents travailleurs ont composé avec la perte de revenus ou l’augmentation du coût de la vie, avec l’isolement social et parfois même avec l’insécurité alimentaire.
« J’ai perdu mon emploi au mois de février [2020] pis la pandémie commençait. Tout a chaviré. […] Je suis tombée sur l’aide sociale […] je vous dirais que j’ai mangé mes bas, j’ai mangé du Dinner Kraft, j’en ai mangé souvent. […] J’ai été obligée d’aller dans des banques alimentaires honnêtement. »
« […] J’ai eu la visite d’un ami […] ça m’a fait du bien. Ça m’a donné le goût de laver la vaisselle. Autrement je n’ai le goût de rien faire. Juste envie de dormir : je ne trouve pas ça très sain, ce n’est pas normal. »
« Je ne sais pas combien ça fait de temps que j’ai mangé à ma faim. »
Que prioriser pour soutenir la résilience individuelle et sociale en cas de futures crises?
Face à ces difficultés liées à la pandémie, les personnes interrogées ont manifesté beaucoup de résilience grâce au recours à divers soutiens (aide financière des gouvernements, ressources communautaires, aide de l’entourage), mais aussi à de multiples stratégies pour subvenir à leurs besoins.
Ainsi, la réduction des dépenses courantes arrive en tête de leurs stratégies d’adaptation aux effets directs ou indirects de la crise sanitaire, et ce, malgré un budget déjà serré.
Les participantes et participants aux entrevues ont suggéré des propositions, spontanées ou sollicitées, aux autorités. À leurs yeux, voici ce qui pourrait améliorer leurs conditions de vie :
- Des services et soins de santé plus accessibles, en particulier des ressources en santé mentale. Cette suggestion fait écho aux difficultés d’accès rencontrées pendant la pandémie.
- La clarté de l’information au sujet de la COVID-19 et des mesures sanitaires. Plusieurs personnes ont perçu des messages comme étant contradictoires ou alarmistes.
- Un meilleur accès aux activités sociocommunautaires, qui ont été perturbées au plus fort de la pandémie et qui constituent parfois le principal lien avec l’extérieur.
- De meilleures conditions de travail et un meilleur accès à l’emploi pour celles et ceux qui en sont éloignés.
- L’augmentation de leur revenu (d’emploi, de retraite, de prestation).
- En matière de logement, de l’aide pour les victimes d’éviction et une offre suffisante de logements adéquats.
Ces pistes rejoignent des recommandations qui font consensus parmi la communauté scientifique et la société civile pour favoriser des conditions de vie décentes et l’inclusion sociale.
À propos du Projet résilience
Le présent rapport clôt une série de publications restituant les résultats du Projet résilience. Le projet a documenté plusieurs aspects du vécu de la pandémie de COVID-19 auprès de populations québécoises dont les revenus se situent dans les 40 % les moins élevés. Cette démarche, à notre connaissance unique dans la province, visait à mieux cerner l’imbrication des vulnérabilités et les stratégies de résilience lors des deux premières années de crise sanitaire.
L’Observatoire tient à remercier pour leur soutien financier à ce projet
À propos de l’Observatoire québécois des inégalités
Basé à l’Université de Montréal, l’Observatoire Québécois des Inégalités est un courtier de connaissances qui éclaire avec des connaissances scientifiques vulgarisées les réflexions et les prises de décision concernant les inégalités de revenu, d’opportunité et de qualité de vie.
Informations
Pour toute demande d’entrevue ou d’information, les médias peuvent communiquer avec :
Marianne Castelan
Responsable des communications et affaires publiques
m.castelan@observatoiredesinegalites.com
438 495-7416