Avec les changements climatiques, l’été n’est plus une période de répit pour les personnes en situation d’itinérance

Publié le 8 juillet 2024

Montréal, le 8 juillet 2024 – Avec la multiplication des événements météorologiques extrêmes, les effets des changements climatiques sont de plus en plus tangibles et certaines populations en subissent davantage les conséquences. En collaboration avec Ouranos, l’Observatoire québécois des inégalités dévoile aujourd’hui un rapport inédit sur les impacts différenciés des effets des changements climatiques ainsi que des solutions d’adaptation sur les personnes en situation d’itinérance. 

 

Ariane Préfontaine, chercheuse en résidence à l’Observatoire et autrice de l’étude, a examiné ces enjeux encore méconnus dans le contexte urbain du Québec, en se concentrant sur une étude de cas de la ville de Laval. « Nous avons choisi de nous intéresser plus spécifiquement aux réalités de l’itinérance dans un climat changeant, à Laval notamment, car la Ville possède un plan d’adaptation ambitieux tout en faisant face à un enjeu d’itinérance grandissant », explique-t-elle.

 

L’itinérance dans un climat changeant

 

Par le passé, ce sont les périodes de grand froid qui mettaient surtout en danger la vie des personnes sans domicile fixe, mais désormais, avec les effets des changements climatiques qui s’amplifient, celles-ci font face aux aléas du climat toute l’année. Canicules et tornades l’été, pluies torrentielles au printemps et l’automne, pluie hivernale, écarts de température :  les personnes en situation d’itinérance sont sur la première ligne de la crise climatique. « Elles doivent développer une adaptabilité que le commun des mortels [ayant un toit au-dessus de la tête ] ne développe pas », témoigne un·e spécialiste de la DSP du CISSS de Laval cité·e dans le rapport.  

 

Étant plus exposées, les personnes en situation d’itinérance portent un fardeau climatique disproportionné, notamment lié à des impacts néfastes sur leur santé physique et psychologique. D’autant plus que la prévalence de problèmes de santé chroniques, de santé mentale et de consommation de substances au sein de la population en situation d’itinérance les rend plus vulnérables. Une étude réalisée à Toronto et répertoriée dans le rapport, indique d’ailleurs que le fait de souffrir de troubles psychiatriques préexistants accroît le risque de décéder de 3 fois lors d’une vague de chaleur. Mais la solitude est également un facteur de risque et l’isolement qui fait partie de la réalité de certaines personnes en situation d’itinérance les rend vulnérable : « Lors d’une chaleur extrême, si la personne a une perte de conscience, fait une baisse de pression, […] elle est totalement isolée. […] Elle ne pourra demander d’aide à personne », raconte un intervenant·e rencontré·e à Laval.

 

Inclure les enjeux d’itinérance dans les solutions d’adaptation

 

Alors que la crise du logement et la hausse du coût de la vie laissent entrevoir une augmentation de l’itinérance, visible et cachée, touchant une population de plus en plus diversifiée, prendre en compte les réalités entourant l’itinérance dans les démarches d’adaptation apparaît essentiel. 

 

En ce sens, des mesures ciblées et inclusives devraient être élaborées afin de mieux répondre aux besoins tout en prenant soin de ne pas accentuer certaines inégalités vécues par les populations marginalisées comme certaines solutions d’adaptation peuvent involontairement le faire. Par exemple, les entretiens menés sur le terrain à Laval ont mis en évidence que les critères d’ouverture des haltes chaleur ou fraîcheur n’étaient pas toujours adaptés à la réalité des personnes qui vivent dans la rue.

 

Jusqu’à présent, peu d’études ont abordé cet angle mort de la transition socio-écologique, encore moins au Québec. Ce préprojet démontre qu’il est crucial d’inclure l’enjeu de l’itinérance dans les grandes réflexions sur l’adaptation aux changements climatiques pour atténuer leurs impacts sur les personnes les plus vulnérables. « À la lumière des recommandations du rapport, nous souhaitons soutenir le développement et la réalisation d’un projet de recherche de plus grande envergure sur ce sujet trop souvent dans l’angle mort de l’adaptation aux changements climatiques. La collaboration se poursuit », mentionne Nathalie Bleau, coordonnatrice de programmation scientifique à Ouranos. 

 

Pour informations et demandes d’entrevue : 

Julia Haurio

Responsable des relations publiques

j.haurio@observatoiredesinegalites.com 

514-513-8617

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