Thème: Économie
Publié le 28 novembre 2024
Montréal, le 28 novembre 2024 – Le concept de classe moyenne est souvent mobilisé dans l’espace public, mais ce terme d’apparence simple est l’objet de beaucoup de confusions. Afin de déboulonner les mythes entourant la classe moyenne, l’Observatoire québécois des inégalités publie une note de recherche qui présente un bilan des connaissances sur les classes moyennes, en particulier au Québec et au Canada. Cette première publication, d’une série de trois, s’inscrit dans un projet de recherche plus vaste visant à étudier l’évolution des inégalités à partir des classes moyennes.
« On est tenté de croire que la classe moyenne est homogène, alors qu’elle est plurielle », souligne Roberson Édouard, chercheur senior à l’Observatoire et auteur de la note. « Loin de désigner un groupe spécifique avec des caractéristiques connues, les classes moyennes correspondent à un « entre-deux », à la masse d’individus qui ne se trouvent ni dans les franges les plus pauvres ni parmi les plus riches de la population », poursuit le sociologue. Cette pluralité est l’un des principaux constats de cet état des lieux qui repose sur une revue de littérature et sur l’analyse de quelques données secondaires tirées de l’Enquête sur la situation financière de 2019 de Statistique Canada.
De quoi parle-t-on quand on évoque LES classes moyennes?
On trouve dans la littérature scientifique plusieurs manières de définir les classes moyennes : les approches économiques, les approches sociologiques et l’auto-identification. Cette note de recherche présente chacune de ces approches afin de traduire la complexité du concept. Ainsi, on comprend que selon l’angle et les critères adoptés, la taille et le poids économique des classes moyennes peuvent considérablement varier.
Avec l’auto-identification, on constate qu’il y a une tendance à s’associer, même à tort, aux classes moyennes. Certaines personnes mieux nanties qui sous-évaluent leur position socio-économique privilégiée, et certaines personnes déclassées en raison de la hausse du coût de la vie, d’une perte d’emploi ou d’un autre incident malheureux, continuent de s’y identifier .
Selon les approches économiques, plusieurs mesures sont possibles. Elles sont basées sur le niveau de revenu, de consommation ou de patrimoine, ou encore la distance par rapport au seuil de pauvreté. Selon le critère de l’OCDE, un des plus couramment utilisés, les classes moyennes se situent entre 75 % et 200 % du revenu médian familial après impôts et transferts.
Pas de déclassement généralisé
Une autre idée reçue que le chercheur déconstruit est celle du déclin des classes moyennes. S’il est vrai qu’il touche certaines personnes des classes moyennes (notamment les personnes seules et les familles qui deviennent monoparentales), on constate que d’autres qui les composent se sont au contraire enrichis.
On observe également que les classes moyennes sont plus importantes et plus résilientes au Québec qu’au Canada grâce aux mécanismes de redistribution, un aspect qui sera approfondi dans la troisième et dernière note de recherche du projet. Ce bilan des connaissances indique également que cette résilience des classes moyennes au Québec pourrait aussi être liée à un plus haut niveau de scolarisation.
Dans une prochaine note, l’Observatoire s’attardera à brosser un portrait global des classes moyennes au Canada et au Québec en les mettant en perspectives avec les autres classes sociales. « Ce bilan de connaissances est le premier jalon d’un projet plus vaste visant à mieux déterminer le niveau de répartition de la richesse entre les couches sociales et à éclairer les débats sur les inégalités. S’intéresser à la classe moyenne et ses différentes définitions est aussi une façon de mettre en parallèle les aspirations sociales et les inégalités économiques », indique Nathalie Guay, directrice générale de l’Observatoire québécois des inégalités.
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