Inégalités de santé mentale et pandémie

Publié le 7 décembre 2021

Les quatre vagues de COVID-19 et les mesures préventives pour en contenir la propagation ont mis la santé mentale de toute la population à rude épreuve. Ce contexte de crise sanitaire a aussi rappelé l’existence des inégalités sociales de santé. Mais si des personnes se trouvent désavantagées par leur position socioéconomique ou les circonstances de vie, elles ne sont pas pour autant démunies face à l’adversité.

 

La santé mentale, grande victime collatérale

La santé mentale fait référence au bien-être sur les plans émotionnel, psychologique et social[1]. Différentes dimensions de la santé mentale ont été évaluées depuis le premier confinement : la solitude ressentie, la satisfaction à l’égard de la vie sociale, le sentiment d’anxiété et d’inquiétude, le niveau de détresse psychologique. D’une façon générale, les études ont constaté une détérioration de la santé mentale pendant la pandémie au Québec.

 

Des individus et des milieux inégalement touchés

Durant la première vague, les jeunes adultes et les femmes ont davantage ressenti des répercussions négatives sur leur santé mentale. C’est aussi le cas des personnes sans emploi ou mises à pied en raison de la pandémie ainsi que des personnes résidant dans la grande région de Montréal[2]. De plus, le télétravail et les fermetures d’écoles notamment ont généré du stress chez les parents de jeunes enfants et les mères de familles monoparentales[3]. Par ailleurs, les premiers résultats d’une enquête longitudinale révèlent la surexposition au risque de stress et de dépression de certaines populations : les jeunes, les personnes ayant un faible revenu et les personnes vivant avec des maladies chroniques ou certaines conditions de santé[4].

 

Des effets durables

Dans le cadre de son Projet Résilience, l’Observatoire québécois des inégalités a effectué un coup de sonde à l’été 2021 auprès d’une population moins nantie pour documenter les obstacles persistants après plus d’un an de pandémie. Ce sondage exclusif révèle une grande préoccupation envers la santé mentale : plus de 1 personne sur 3 estimait que sa santé mentale représentait un problème, et ce, en période estivale d’assouplissement des restrictions.

Plusieurs témoignages recueillis à la suite de ce sondage donnent à penser que le confinement généralisé de la première vague et les ajustements subséquents ont laissé des traces durables. Il ne semble pas si facile de réorganiser continuellement son quotidien et de sortir de son chez-soi ou du cocon familial. Au moment de l’enquête, la reprise d’activités sociales, culturelles ou de loisir se faisait encore bien timide.

 

Comment les gens rencontrés font-ils pour garder le moral?

Si la santé mentale est une ressource essentielle au développement et au bien-être personnel, elle l’est aussi au bon fonctionnement de la vie en société. Comment faire pour aller mieux et participer pleinement à la vie sociale?

Les personnes interviewées dans le cadre du Projet résilience mené par l’Observatoire ont généreusement livré leurs astuces pour garder une attitude positive :

  • L’implication sociale, le bénévolat ou l’aide offerte autour de soi sont pour plusieurs sources de satisfaction à l’égard de leur vie et leur permettent de surmonter les défis rencontrés.
  • Les interactions avec l’entourage apparaissent fondamentales à la plupart des personnes participant au projet, que le contact s’établisse par téléphone ou sur les réseaux sociaux ou à l’occasion de marches à l’extérieur.
  • Le fait de s’adonner à une activité est salutaire à bien d’autres. Par exemple, une activité physique, la méditation ou des pratiques religieuses. D’ailleurs, la pratique de sports ou d’activités de plein air ainsi que les activités de bien-être telles que la méditation, la relaxation ou la spiritualité constituent des stratégies fréquentes de résilience d’après un sondage de l’Institut national de santé publique du Québec effectué à l’hiver 2021[5].

La liste est loin d’être exhaustive. Les sources de bien-être sont multiples, de la pratique des jeux vidéos au réconfort procuré par les animaux de compagnie. Ainsi, la crise sanitaire aura mis en lumière une ligne de fracture selon que les personnes disposent facilement ou difficilement de ressources pour pouvoir s’adapter aux aléas.

Les résultats détaillés du Projet résilience sont à paraître au cours des prochaines semaines. Restez à l’affût!

 

 

[1] Isabelle Doré et Jean Caron (2017). Santé mentale : concepts, mesures et déterminants, Santé mentale au Québec, 42(1), 125-145.

[2] Ève Dubé et coll. (2020). COVID-19 : pandémie, bien-être et santé mentale, résultats du 16 juillet 2020, Québec, INSPQ.

[3] Thomas Bastien, Anne-Marie Morel et Sandy Torres (2020). impact de la pandémie de COVID-19 sur la santé et la qualité de vie des femmes au Québec, ASPQ/Observatoire québécois des inégalités.

[4] infographie « Bien-être des participants après un an de pandémie », MAVIPAN.ca, avril 2021 et Annie LeBlanc et coll. (2020). For a structured response to the psychosocial consequences of the restrictive measures imposed by the global COVID-19 health pandemic: The MAPIVAN longitudinal prospective cohort study protocol. https://doi.org/10.1101/2020.11.10.20227397

[5] Maude Dionne et coll. (2021). COVID-19 : pandémie et stratégies de résilience, Québec, INSPQ.

 

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