Le 2 janvier, les grands PDG du Québec ont déjà gagné l’équivalent du salaire annuel du travailleur moyen

Ce 2 janvier à 10h11, les présidents-directeurs généraux (PDG) des plus grandes entreprises québécoises ont gagné l’équivalent du salaire annuel moyen au Québec. 

Chaque année, le Centre canadien des politiques alternatives (CCPA) analyse la rémunération des 100 chefs d’entreprises les mieux payés au Canada, parmi les entreprises cotées en bourse à Toronto (indice composé S&P/TSX). En 2022, ces PDG ont chacun gagné en moyenne 14,9 millions de dollars.

Pour la première fois, cette compilation a été réalisée pour le Québec. Parmi les 100 chefs d’entreprises les mieux payés au Canada, 21 dirigent une entreprise dont le siège social est au Québec. Ces PDG d’entreprises québécoises ont gagné 57 900 $ en 9,2 heures, soit ce qu’un travailleur ou une travailleuse moyen gagne en une année au Québec. En un an, ils gagneront 226 fois plus que le salaire annuel moyen, soit une rémunération de plus de 13,1 millions de dollars.

Ce constat survient au moment où l’inflation touche durement les familles du Québec. Alors que la hausse des prix frappe particulièrement les personnes les moins nanties, elle a l’effet contraire pour ces 21 PDG. En effet, les profits des grandes entreprises continuent d’augmenter et les primes versées aux chefs d’entreprise, qui sont liées à ces profits, suivent le rythme. La rémunération variable, qui englobe différentes formes de primes telles que les primes en argent et les options d’achat d’actions, représentait d’ailleurs 84 % de la rémunération des PDG canadiens les mieux payés en 2022.

Parmi les 21 PDG d’entreprises québécoises analysées, il n’y a qu’une seule femme (voir figure 1).

Au Québec, environ 5 000 personnes sont parmi les 0,1% les plus riches, dont font partie ces 21 PDG. Elles gagnent en moyenne un salaire annuel de 1,9 million $ et – en moins de 8 jours – elles obtiennent l’équivalent du salaire annuel du travailleur ou de la travailleuse moyen.

Le revenu ne représente toutefois que la pointe de l’iceberg des inégalités économiques au Québec. Les inégalités de richesse sont bien plus prononcées que les inégalités de revenu. La famille faisant partie des 10 % les plus riches possède, en moyenne, une valeur nette (les avoirs moins les dettes) 76 fois plus élevée que la famille faisant partie des 40 % les plus pauvres.

Plusieurs pistes permettraient de réduire ces inégalités. Comme le soulignait Carlotta Balestra, directrice de l’unité des inégalités à l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans notre webinaire sur les inégalités de patrimoine, des mesures qui visent à la fois à soutenir l’accumulation de richesse chez les moins nantis et à accroître la contribution des plus aisés au financement des services publiques constituent des pistes prometteuses. Selon David Macdonald, économiste principal au CCPA, plusieurs mesures fiscales permettraient de réduire l’écart entre les plus riches et le reste de la population, notamment une plus grande imposition des gains en capital et la mise en place d’un impôt sur la fortune. De telles mesures pourraient à la fois être mises en place au niveau provincial et fédéral.

Figure 1. Chefs d’entreprises les mieux payés au Québec, 2022

Note : La rémunération totale est composée du salaire, des attributions fondées sur des actions, des attributions fondées sur des options, de la rémunération au titre d’un plan d’incitation autre qu’à base d’actions, de la valeur de la pension ainsi que toutes les autres rémunérations. 

* La rémunération de ces PDG a été convertie de dollars américains en dollars canadiens.

Source: Compilation du Centre canadien des politiques alternatives réalisée à partir de la divulgation par les entreprises de la rémunération de leurs cadres dirigeants désignés dans les circulaires de sollicitation de procurations.