Thème: Économie
Publié le 16 juin 2021
Comme les inégalités économiques tendent à se manifester le plus visiblement entre les groupes les plus nantis et les moins nantis d’une société, l’indice de Palma est une mesure de choix pour comprendre les disparités de cet ordre.
Conçu en 2011 par José Gabriel Palma, un économiste chilien, l’indice de Palma est utilisé notamment par la Banque mondiale et l’OCDE. L’Observatoire français des inégalités surnommait dans une note récente cette mesure « Le petit nouveau », signalant au passage que malgré son utilité et sa renommée internationale, l’indice de Palma n’avait pas encore fait sa place en France.
Le Palma s’obtient en fonction des différentes tranches de la population, classées selon son revenu en 10 parts égales. Ces tranches se nomment déciles : le premier décile est donc constitué des 10% de la population qui sont les moins aisés, tandis que le dixième décile comprend aussi 10% de la population, mais elle, constituée des personnes les plus aisées.
Il s’agira donc de mesurer quel ratio sépare ce dixième décile, ou 10% revenus les plus élevés aux quatre déciles les moins élevés, ou encore les 40% revenus les plus bas.
Cette nuance est très importante, car les deux groupes qui sont comparés ont une taille très différente. Ce que l’indice de Palma révèle, c’est la taille des revenus d’un petit groupe au haut de l’échelle, comparativement à un groupe quatre fois plus grand, lui, au bas de l’échelle.
Les déciles du centre, auxquels l’indice ne s’intéresse pas particulièrement, fait généralement référence à la classe moyenne d’une société.
Pour référence, en 2017, une personne faisait partie des quatre premiers déciles de la distribution des revenus lorsque revenu total (après transferts et avant impôt) individuel et non-ajusté était de :
- 25 000 $ ou moins au Québec;
- 25 400 $ ou moins au Canada.
En 2017, une personne faisait partie du dernier décile lorsque revenu total (après transferts et avant impôt) individuel et non-ajusté était de :
- 82 525 $ ou plus au Québec;
- 94 025 $ ou plus au Canada.
L’indice de Palma s’exprime donc sous forme de ratio, où le chiffre 7, par exemple, signifie que les revenus du groupe le plus aisé (10% revenus les plus élevés) étaient 7 fois plus grands que les revenus du groupe le moins aisé (40% revenus les moins élevés).
Le Palma au Québec et au Canada
Le Palma du revenu du marché se maintient entre 7 et 8 au Canada. Depuis le début des années 2000, il se maintient aux alentours de 7 au Québec. En 2017, les 10 % des individus québécois les mieux nantis gagnaient 6,6 fois plus que les 40 % les moins nantis.
Les inégalités de revenu disponible mesurées avec l’indice de Palma sont également inférieures au Québec par rapport à l’ensemble du Canada : elles se situent un peu en dessous de 2 depuis le début des années 2000 dans la province, alors qu’elles fluctuent entre 2,3 et 2,5 au Canada.
une récente étude de l’Observatoire s’est par ailleurs penchée les inégalités à l’intérieur de sous-groupes de la population avec pour mesure l’indice de Palma. Par exemple, il a été possible de déterminer quel ratio existe entre les femmes les plus aisées et celles les moins aisées, et de comparer ce ratio à celui des hommes appartenant aux deux mêmes groupes et ce, au Québec comme au Canada.
Les résultats, dont voici quelques exemples en vrac, sont très révélateurs :
Au Québec, avant impôts et transferts :
- Les femmes les plus aisées (10%) ont un revenu 9,3 fois plus grands que celui des moins aisées (40%), contre 4,6 chez les hommes
- Les personnes de 60 ans et plus les plus aisées (10%) ont un revenu 26,3 fois plus grands que celui des moins aisées (40%), contre 2,5 chez les personnes de 30 à 39 ans
- Les personnes sans diplôme les plus aisées (10%) ont un revenu 243,6 fois plus grands que celui des moins aisées (40%), contre 2,9 chez les détenteurs d’un diplôme universitaire.
La prise en compte du revenu disponible (après l’impôt et les transferts) donne toutefois à l’indice de Palma une dimension encore plus intéressante, puisque celui-ci tend à se réduire considérablement. Les constats issus de cette comparaison montrent donc que, sans l’intervention de l’État, les sociétés québécoise et canadienne seraient fortement inégalitaires. Les politiques sociales et fiscales s’avèrent capitales pour réduire les inégalités et la pauvreté parmi certaines populations vulnérables.