Les inégalités de patrimoine au Québec

Le patrimoine, ou la richesse, mérite l’attention des décideurs, notamment parce qu’il procure un avantage indéniable devant les imprévus et joue un rôle primordial dans la reproduction des inégalités d’une génération à l’autre.  

Cette note d’analyse dresse un portrait des inégalités contemporaines de patrimoine au Québec. Elle est la première d’une série explorant le lien entre le patrimoine et les inégalités sociales de santé dans le contexte québécois.

Qu’est-ce que le patrimoine (ou la richesse) ?

Le patrimoine correspond à la valeur totale des avoirs financiers (ex : argent à la banque, investissements) et non financiers (ex : logement, véhicule), de laquelle on déduit la valeur totale des dettes (ex : hypothèque, carte de crédit).

Quel portrait ?

• Le patrimoine est réparti de façon fort inégale au Québec : les 20 % des familles les plus riches détiennent 68 % de la richesse accumulée.
• Les avoirs immobiliers constituent la principale source d’actifs des familles au Québec. Les familles qui sont propriétaires disposent d’un patrimoine 20 fois plus élevé que celles qui sont locataires.
• Les inégalités de patrimoine sont bien plus prononcées que les inégalités de revenu. Au Québec, la famille faisant partie des 10 % les plus riches possède, en moyenne, un revenu avant impôt et transferts 9 fois plus élevé que la famille faisant partie des 40 % les plus pauvres. Pour le patrimoine, c’est au moins 76 fois plus élevé.
• Les mesures gouvernementales d’encouragement à l’épargne profitent de manière disproportionnée aux familles les mieux nanties. Les 20 % des familles les plus riches détiennent à elles seules 70 % des avoirs détenus dans un REER et 55 % des avoirs détenus dans un CELI.
• La capacité à emprunter des ménages varie selon le niveau de revenu. Les familles à revenu plus élevé empruntent davantage. Elles se trouvent ainsi dans une meilleure posture pour générer et accumuler du patrimoine.
• Le Québec est au premier rang des provinces canadiennes les plus inégalitaires en termes de répartition du patrimoine, mais fait bonne figure à l’international.
• La croissance du patrimoine au Québec n’a pas profité également à l’ensemble des familles au cours des dernières décennies. Les familles au sommet de la distribution ont capté 66 % de l’augmentation observée de la richesse entre 1999 et 2019.
• Les inégalités de patrimoine ne sont pas une fatalité. Elles évoluent et sont influencées par les politiques en place. Les gouvernements peuvent ainsi jouer un rôle clé dans leur réduction.

Note : Le portrait des inégalités de patrimoine au Québec mobilise les résultats de l’Enquête sur la sécurité financière de Statistique Canada. Malheureusement, en raison des limites inhérentes à ces données, ce portrait sous-estime l’amplitude de ces inégalités.