Les PDG les mieux payés au Québec ont gagné en 10h le salaire annuel moyen

Publié le 2 janvier 2025

Ce 2 janvier à 11h05, les présidents-directeurs généraux (PDG) des plus grandes entreprises québécoises ont gagné l’équivalent du salaire annuel moyen au Québec.

Chaque année, le Centre canadien des politiques alternatives (CCPA) analyse la rémunération des 100 chefs d’entreprises les mieux payés au Canada, parmi les entreprises cotées en bourse à Toronto (indice composé S&P/TSX). En 2023, ces PDG ont chacun gagné en moyenne 13,2 millions de dollars.

Depuis l’an dernier, le CCPA et l’Observatoire québécois des inégalités effectuent cette compilation pour le Québec. Parmi les 100 chefs d’entreprises les mieux payés au Canada, 21 dirigent une entreprise dont le siège social est au Québec. Ces PDG d’entreprises québécoises ont gagné 60 077 $ en 10,1 heures, soit ce qu’un travailleur ou une travailleuse moyen gagne en une année au Québec. En un an, ils gagneront 206 fois plus que le salaire annuel moyen, soit une rémunération de plus de 12,4 millions de dollars. Cette rémunération tient compte des salaires, mais également de différentes formes de primes telles que les bonus en argent et les options d’achat d’actions.

 

Une seule femme parmi les PDG les mieux payés

Parmi les 21 PDG d’entreprises québécoises analysées, il n’y a qu’une seule femme. Ce constat est cohérent avec les résultats du portrait des populations mieux nanties publié récemment par l’Observatoire québécois des inégalités qui révélait que les femmes étaient moins nombreuses à se retrouver parmi le groupe des mieux nantis que les hommes. Selon cette analyse basée sur les données fiscales canadiennes, les femmes ont respectivement 67,4 % moins de chances que les hommes au Canada (et 64,6 % moins de chances que les hommes au Québec) de faire partie du groupe des mieux nantis.

 

Les dividendes versés aux actionnaires atteignent un sommet

Les dividendes déclarés par les entreprises canadiennes, soit les paiements versés aux actionnaires d’une entreprise à partir de son bénéfice net, ont atteint un nouveau sommet en 2022. En effet, les entreprises canadiennes ont versé un total de 308,6 milliards de dollars à leurs actionnaires en 2022, contre 58,3 milliards en 2002. Il s’agit d’une augmentation de 429 % en 20 ans. Ce montant de 308,6 milliards de dollars correspond à l’équivalent du salaire annuel moyen de plus de 5 millions de travailleurs et de travailleuses.

 

Figure 1. Dividendes déclarés des entreprises (en million de dollars), Canada, 2022-2022

Source : Statistique Canada. Tableau 33-10-0498-01 Éléments du bilan financier et des statistiques fiscales des entreprises, avec certains ratios financiers, total pour toutes les branches d’activités.

 

Plus d’impôts à payer pour les PDG les mieux rémunérés

À eux seuls, les 21 PDG d’entreprises québécoises analysées détiennent des actions dont la valeur atteint 12,5 milliards de dollars. Les changements au taux d’inclusion du gain en capital annoncés dans le budget 2024 du gouvernement du Canada pourraient se traduire par une augmentation de l’impôt à payer si ces chefs d’entreprises décidaient de vendre ces actions.

En effet, depuis le 25 juin 2024, le taux d’inclusion du gain en capital au Canada est passé de 50% à 66,7% pour la tranche excédant 250 000 $ par année. Ainsi, si on émet l’hypothèse que 25% de la valeur des actions détenues par ces 21 chefs d’entreprises représentent des gains en capital, ce changement pourrait accroître de 275 millions de dollars l’impôt à verser au moment de la vente de ces actions.

 

Mieux répartir la richesse pour relever les défis des prochaines décennies

Les inégalités de patrimoine sont particulièrement exacerbées au Québec. On apprenait récemment que depuis la pandémie, les familles faisant partie des 10 % les plus riches y ont capté, à elles seules, 32 % de l’augmentation de la richesse, contre seulement 11 % pour les 40 % les plus pauvres.

Si l’augmentation du taux d’inclusion du gain en capital est une mesure qui va dans la bonne direction, comme le soulignaient 22 économistes québécois dans une lettre parue récemment dans La Presse, des propositions plus audacieuses seront nécessaires pour réduire les inégalités de richesse.

Selon le Laboratoire sur les inégalités mondiales, une réduction de ces inégalités est d’ailleurs indispensable pour relever les défis du 21e siècle. Et ces défis sont nombreux. À l’échelle locale, pensons à la crise du logement qui exacerbe les inégalités entre locataires et propriétaires, la crise de l’insécurité alimentaire qui touche un nombre grandissant de travailleurs et de travailleuses et à la crise climatique dont les effets se font de plus en plus ravageurs.

Mieux répartir la richesse permettrait d’améliorer notre capacité collective à relever ces défis.

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