Publié le 1 novembre 2023
Mes collègues Geoffroy Boucher et Sandy Torres signent aujourd’hui une note d’analyse sur les inégalités de patrimoine au Québec, qui nous permet de réaliser que le portrait que l’on se fait des inégalités économiques au Québec est pour le moins incomplet si on ne tient pas compte de la richesse accumulée (immobilier et autres biens, investissements, régime de retraite, etc.).
La famille faisant partie des 10 % les plus riches a, en moyenne, un revenu 9 fois plus élevé (avant impôts et transferts) que la famille faisant partie des 40 % les moins nanties, mais ce rapport est d’au moins 76 fois pour la richesse. Au moins, car faute de percevoir un impôt sur l’actif net des individus, cette dernière ne fait pas l’objet d’un contrôle nous permettant d’avoir des données exactes (on se rabat sur des données d’enquête).
De plus, les impôts et les transferts réduisent considérablement les inégalités de revenus, alors que peu de mécanismes à l’exception de l’impôt foncier touchent à la richesse patrimoniale. On ne peut pas non plus parler de programmes de transfert dans le cas du patrimoine. On se retrouve plutôt dans une situation où des mécanismes d’épargne coûteux pour l’État (REER et CELI) bénéficient de manière disproportionnée aux mieux nantis. Certaines personnes plus vulnérables sont même pénalisées lorsqu’elles épargnent quelques milliers de dollars pour se protéger face aux aléas de la vie en raison des contraintes des programmes d’assistance sociale.
L’absence de meilleures données peut expliquer le désintérêt de la recherche pour cette question. Mais le désintérêt collectif à l’égard du patrimoine financier et de son inégale répartition est plus difficile à comprendre.
Espérons que cette première note d’analyse suscite plus de curiosité pour la question!