Publié le 3 avril 2024
À l’occasion de l’événement Forum patrimoine et santé : comment réduire les inégalités de richesse au Québec, l’Observatoire québécois des inégalités dévoile une nouvelle note d’analyse qui met en lumière l’influence de l’endettement sur les inégalités en général, et celles de santé en particulier.
Si personne n’est à l’abri de la maladie, les moins nanti·e·s peuvent en subir davantage les conséquences économiques. En 2022 au Québec, les personnes à faible revenu ont été, toute proportion gardée, quatre fois plus nombreuses à s’endetter pour des problèmes de santé que les personnes au sommet de la distribution des revenus. C’est l’un des faits saillants de cette note d’analyse qui est la troisième d’une série explorant les liens entre les inégalités de richesse et les inégalités sociales de santé.
« L’endettement découlant d’un problème de santé peut engendrer une spirale de difficultés puisqu’en plus de la maladie, on doit faire face au stress qu’il génère. Un stress, qui peut à son tour entraîner d’autres problèmes de santé », observe Sandy Torres, sociologue et coautrice de la note.
Un endettement élevé est associé à une pression artérielle plus haute, à l’obésité, à une mauvaise santé mentale, ainsi qu’à un mauvais état de santé générale. C’est souvent le stress relié à l’endettement qui est identifié comme principal déterminant qui influe sur la santé.
Un levier pour certains, un fardeau pour d’autres
L’examen approfondi des multiples facettes de l’endettement révèle certaines disparités, notamment en matière d’accès au crédit et de capacité d’emprunt. Une personne sur cinq (20,5 %) ayant fait une demande de crédit s’est déjà fait refuser celle-ci. Cette proportion est plus élevée chez les personnes autochtones (38,5 %), les personnes racisées (28,4 %), les personnes à faible revenu (25,6 %) et les hommes (23,2 %).
Le prêt hypothécaire est le principal facteur d’accumulation de richesse pour un grand nombre de familles au Québec, mais reste inaccessible pour les personnes au bas de l’échelle des revenus, un phénomène qui accentue les inégalités de patrimoine. L’endettement constitue un levier d’avancement socioéconomique pour un grand nombre de personnes, mais peut toutefois devenir un facteur d’appauvrissement lorsque les dettes deviennent difficiles à rembourser, notamment en cas de changement inattendu de la conjoncture économique, de perte d’emploi ou de maladie. « La dette est une épée à double tranchant : susceptible d’avantager certaines personnes et de nuire à d’autres », constate Geoffroy Boucher, économiste et coauteur de l’analyse.
Réduire l’incidence négative de l’endettement sur les inégalités sociales
Comme nous l’avons vu dans notre analyse précédente, l’accès à la propriété est une source d’inégalité sociale importante. La hausse considérable des loyers, dépense incompressible, amène sans doute certains ménages les moins nantis à s’endetter pour couvrir leurs dépenses de base. Dans la première analyse, nous avons également démontré que les inégalités de richesse sont au moins 9 fois plus élevées que les inégalités de revenus selon l’indice de Palma.
« Les inégalités de patrimoine gagneraient à être plus étudiées et discutées afin d’inspirer de nouvelles mesures permettant un meilleur partage de la richesse. C’est pourquoi nous avons convié une variété de personnes possédant diverses expertises au Forum patrimoine et santé afin de discuter de pistes de solution pour réduire les inégalités de richesse », mentionne Nathalie Guay, directrice générale de l’Observatoire québécois des inégalités. Les résultats d’un sondage Léger en collaboration avec l’Association pour la santé publique du Québec sur le niveau d’acceptabilité sociale de certaines pistes de solution seront justement dévoilés pendant l’événement le 3 avril prochain.