Thème: Besoins essentiels
Publié le 15 mai 2025
Selon les calculs de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS), il faut entre 31 696 $ et 42 884 $ en 2025 à une personne seule pour vivre hors de la pauvreté dans les grands centres urbains du Québec[1].
Or, les programmes publics de pension, destinés à fournir un revenu de base aux personnes aînées, ne permettent pas d’atteindre le revenu viable. En 2025, le revenu disponible d’une personne âgée de 65 ans n’ayant accès à aucune prestation au-delà de la Pension de la sécurité de la vieillesse (PSV) et du Supplément de revenu garanti (SRG), est de 25 060 $. Ce montant correspond à 62,5 % du seuil de revenu nécessaire pour qu’une personne seule puisse vivre dignement à Montréal, établi à 40 084 $ selon l’IRIS.
Une personne touchant la rente maximale du Régime de rentes du Québec (RRQ) à 65 ans, soit 17 196 $ en 2025, n’atteint que 73 % du revenu viable, même lorsque l’on tient compte de l’ensemble des transferts gouvernementaux auxquelles cette personne a droit (PSV, SRG, crédit d’impôt pour solidarité, crédit pour la TPS, etc.). Un travail à temps plein au salaire minimum (16,10$ depuis le 1er mai), complété de la PSV, du SRG et des autres soutiens gouvernementaux, ne permet pas non plus à une personne âgée de 65 ans de vivre au-delà de la pauvreté à Montréal (38 463 $ vs 40 084 $).
Figure 1. Revenu disponible d’une personne aînée vivant seule selon différents scénarios, 2025, Québec
Source : Calculs de l’Observatoire québécois des inégalités basés sur l’outil de calcul du revenu de travail conservé à la retraite en 2025 du ministère des Finances du Québec, le Régime de rentes du Québec en chiffres de Retraite Québec et Le revenu viable en 2025 de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques.
Le seuil du revenu viable, poussé par la hausse du coût de la vie, a augmenté de manière beaucoup plus marquée que l’indexation annuelle des rentes versées par le RRQ au cours de la dernière décennie. Alors que le revenu viable pour une personne seule vivant à Montréal a augmenté de 63 % entre 2015 et 2025, passant de 24 532 $ à 40 084 $, l’indexation des rentes du RRQ n’a progressée que de 28 % durant la même période.
Les rentes du RRQ sont indexées en janvier de chaque année en fonction de l’indice des prix à la consommation (IPC) du Canada. Le taux d’indexation est calculé selon la variation (en pourcentage) de la moyenne de l’IPC canadien pour la période de novembre à octobre, par rapport à la moyenne des 12 mois précédents[2].
Le montant de la rente maximale qu’il est possible de recevoir du RRQ à la retraite a également évolué, mais en fonction de paramètres différents. Ce montant est influencé non seulement par l’indexation des rentes, mais aussi par la croissance du revenu moyen au Québec, sur lequel se base le calcul du maximum des gains admissibles. Ainsi, entre 2015 et 2025, la rente maximale a augmenté de 35 %, un rythme un peu plus rapide que celui de l’indexation seule (28 %), mais toujours inférieur à celui du revenu viable (+63 %). À titre comparatif, le salaire minimum a augmenté de 53 % pendant la même période, passant de 10,55 $/h à 16,10 $/h.
Figure 2. Évolution des rentes du RRQ, du salaire minimum et du seuil du revenu viable, base 100, 2015-2025, Québec
Note: La figure présente l’évolution relative de chaque variable, où la valeur de départ est fixée à 100 pour faciliter les comparaisons (2015 = 100).
Source : Calculs de l’Observatoire québécois des inégalités basés sur les archives des données du Régime de rentes du Québec de Retraite Québec, le Taux du salaire minimum de l’Institut de la statistique du Québec, le Salaire viable 2015-2017 et le Revenu viable 2018-2025 de l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques.
L’insuffisance des régimes publics de pension peut exacerber les inégalités auxquelles est confrontée la population aînée du Québec. Selon une récente analyse de l’Observatoire québécois des inégalités, les personnes aînées font face à d’importantes disparités, notamment au regard du revenu, de la santé, du logement et de la mobilité[3].
Cet article a été produit en partenariat avec l’Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR).
[1] Eve-Lyne Couturier (2025). Le revenu viable en 2025 Le logement encore au cœur de la sortie de pauvreté, Institut de recherche et d’informations socioéconomiques.
[2] Retraite Québec (2025). Comprendre l’indexation des rentes du Régime de rentes du Québec.
[3] Geoffroy Boucher (2025). La population aînée du Québec face à d’importantes inégalités en matière de revenu, de logement, de santé et de mobilité, Observatoire québécois des inégalités.