Thème: Besoins essentiels, Économie
Publié le 22 août 2023
Bien que l’emploi constitue un vecteur important d’intégration sociale et économique, une proportion non négligeable de personnes travaille et se retrouve en situation de pauvreté au Québec. Selon Statistique Canada, les « travailleurs à faible revenu » sont des personnes âgées de 18 à 64 ans qui ne sont pas des étudiants et qui gagnent au moins 3 000 $ par année, mais dont le revenu après impôt est inférieur au seuil de faible revenu.
Selon nos calculs, la proportion de travailleurs et de travailleuses correspondant à cette définition était de 13,8 % au Québec en 2019, en augmentation de 1,2 points de pourcentage par rapport à 2012. Chez les femmes, cette proportion était de 14,5 % en 2012 et de 16 % en 2019.
Tableau 1. Proportion de personnes correspondant à la définition de travailleurs à faible revenu, Québec, 2012 & 2019
Sources: Calculs de l’Observatoire réalisés à l’aide du fichier de microdonnées à grande diffusion de l’Enquête canadienne sur le revenu 2019.
Un salaire minimum insuffisant pour sortir de la précarité
Au regard des principales mesures de faible revenu, le salaire minimum, fixé par le gouvernement du Québec, ne permet pas de sortir de la précarité. En effet, si l’on tient compte de l’ensemble des transferts gouvernementaux qui contribuent au revenu disponible, le salaire minimum, établi à 15,25$ de l’heure en 2023, donne tout juste accès au seuil de la mesure de panier de consommation (MPC) pour une personne seule travaillant à temps plein à Montréal et ne fournit que 91 % de la mesure de faible revenu (MFR) et 78 % de la mesure de revenu viable (MRV).
La situation est plus favorable pour les familles monoparentales et les couples avec enfants qui, grâce aux allocations familiales, ont un revenu disponible dépassant les seuils de la MPC et de la MFR. Ce revenu ne leur permet toutefois pas d’atteindre les seuils de la MRV et d’ainsi envisager une réelle sortie de la pauvreté.
Tableau 2. Taux de couverture des principales mesures de pauvreté du revenu disponible des personnes travaillant à temps plein au salaire minimum, Québec, 2023
Source : Calculs de l’auteur à l’aide du calculateur du revenu disponible du Ministère des Finances du Québec. Statistique Canada, Seuils de pauvreté provisoires pour 2022 pour les régions de la MPC. Institut de la statistique du Québec, Seuils du faible revenu selon la MFR. Institut de recherche et d’information socio-économique, Le revenu viable 2023.
L’incidence du travail non rémunéré
Les travailleuses peuvent être particulièrement vulnérables, car celles-ci s’absentent beaucoup plus du travail que les hommes en cas d’imprévu, souvent pour des raisons familiales. Elles effectuent également davantage de travail non rémunéré.
Ce travail invisible – nécessaire au fonctionnement de la société – tel que le soutien à une personne en perte d’autonomie ou l’éducation des enfants, est effectué sur une base quotidienne par une forte proportion de femmes qui ne sont pas rémunérées ou reconnues pour leur participation à l’effort collectif social. Alors que le temps accordé au travail non rémunéré est plus élevé chez les femmes, le temps accordé au travail rémunéré, lui, est plus faible.
Figure 5. Moyenne quotidienne de temps consacré au travail non rémunéré, Québec, 2015
Source : Statistique Canada, Enquête sociale générale – Emploi du temps de 2015. Adapté par l’Institut de la statistique du Québec.
Vers un 4e plan de lutte contre la pauvreté
L’Observatoire québécois des inégalités a déposé, dans le cadre de la consultation publique portant sur le 4e plan gouvernemental de lutte contre la pauvreté, un mémoire présentant des orientations visant une réduction significative et durable de la pauvreté au Québec.
En plus d’aborder la question des travailleurs et travailleuses en situation de pauvreté, ce mémoire présente une analyse de l’incidence de la pauvreté au Québec. Pour le consulter : Des orientations visant une réduction significative et durable de la pauvreté au Québec
