Publié le 13 novembre 2025
Faits saillants
Le niveau de scolarité atteint influence fortement la qualité de vie et la santé à l’âge adulte.
- L’éducation joue un rôle déterminant dans la trajectoire de vie et de santé des individus.
- Les personnes peu scolarisées sont plus à risque d’être sans emploi et, lorsqu’elles en ont un, elles sont davantage concentrées dans les postes les moins rémunérés. Elles sont aussi surreprésentées parmi les prestataires de l’assistance sociale. Un diplôme collégial ou universitaire augmente nettement les perspectives d’emploi et de revenu.
- Du point de vue de la santé, un faible niveau de scolarité est associé à une plus grande prévalence de maladies chroniques et de troubles psychologiques comme la dépression. L’espérance de vie est significativement réduite chez les personnes moins instruites par rapport à celles ayant atteint un niveau de scolarité supérieur.
Un faible niveau de scolarité a aussi de profondes répercussions sur la société en augmentant les coûts économiques, sociaux et sanitaires.
- Le décrochage scolaire entraîne des pertes importantes pour la société québécoise et les communautés locales, tant en revenus fiscaux qu’en dépenses liées aux programmes sociaux.
- Les inégalités de santé liées au niveau de scolarité alourdissent considérablement la pression sur le réseau de la santé.
Des taux significatifs de non-diplomation et de faible scolarité persistent, malgré des progrès.
- En 2021, 11,8 % des adultes québécois de 25 à 64 ans n’avaient aucun diplôme. Cette proportion s’établissait à 8,3 % chez les 25 à 34 ans en 2024.
- En 2021, 17 % des adultes de 25 à 64 ans détenaient au plus un diplôme d’études secondaires, comparativement à 12,2 % chez les 25 à 34 ans en 2024.
Le taux de diplomation et de qualification au secondaire demeure nettement plus bas chez les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage, les élèves issus de milieux défavorisés, et ceux et celles du réseau public.
- L’écart de diplomation et de qualification entre les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) et les élèves non-HDAA est de 26 points de pourcentage (pp.) en 2022-2023 (63 % c 89 %).
- La disparité, selon l’indice de milieu socioéconomique (IMSE), est de plus de 21 pp. en 2022-2023 entre les élèves des milieux les plus favorisés (décile 1, avec 89 %) et les élèves des milieux les plus défavorisés (décile 10, avec 67,6 %).
- Le taux de diplomation et de qualification au secondaire après 7 ans en 2022-2023 était de 93,5 % dans le réseau privé et de 81,8 % dans le réseau public, soit un écart de près de 12 pp.
- En 2022-2023, l’écart global de diplomation et de qualification entre les filles et les garçons est de 8 pp. (88,5 % contre 80,3 %).
Au Québec, le taux de sorties sans diplôme ni qualification est de 15 % (2022-2023).
- Les sorties sans diplôme ni qualification après 7 ans touchent plus lourdement certains groupes sociaux.
- La proportion d’élèves quittant l’école sans diplôme ni qualification était de plus d’un sur quatre (26,2 %) parmi les élèves handicapés ou en difficulté d’adaptation ou d’apprentissage (EHDAA) en 2020-2021.
- Chez les élèves issus de milieux défavorisés, c’est plus d’un sur cinq (21,8 %) qui quittait sans diplôme ni qualification en 2020-2021.
- En 2022-2023, tous réseaux confondus, ce sont 18 % des garçons et 12,3 % des filles qui ont mis fin à leur parcours scolaire sans diplôme ni qualification.
- Le taux de sorties sans diplôme ni qualification était 16,9 % dans le réseau public contre 7,5 % dans le réseau privé en 2022-2023.
Le principe d’égalité des chances est-il pleinement mis en oeuvre au Québec ?
- Dans la société québécoise, il existe un large consensus sur l’importance d’améliorer la réussite scolaire.
- Le principe d’égalité des chances, inscrit à l’article 36 de la Loi sur l’instruction publique, fait également l’objet d’un appui partagé.
- Étant donné l’importance du niveau de scolarité atteint pour la qualité de vie et la santé des individus, la question de la capacité du système éducatif à réellement promouvoir l’égalité des chances est régulièrement posée.
- Il est bien établi que les élèves n’arrivent pas à l’école avec les mêmes acquis et que l’institution scolaire doit jouer un rôle clé pour atténuer les inégalités de départ. Les mesures en faveur d’élèves à risque et plusieurs initiatives en santé à l’école visent à égaliser les chances mais elles sont peu évaluées.
- Les causes des difficultés scolaires et du décrochage ne font pas consensus : des actrices et acteurs du milieu de l’éducation mettent l’accent sur des facteurs individuels et intermédiaires (élève, famille, pratiques pédagogiques), tandis que d’autres insistent sur des causes structurelles liées à l’organisation même du système scolaire.
L’organisation du système scolaire au Québec freine-t-elle l’égalité des chances ?
- Le système éducatif au Québec est segmenté en trois composantes : l’école publique régulière, l’école publique avec des programmes enrichis et l’école privée.
- Selon les données du ministère de l’Éducation, l’école privée secondaire reçoit 20 % des élèves, l’école publique avec projets pédagogiques particuliers en accueille 41 % et l’école publique régulière 39 %.
- Si l’école publique régulière doit accueillir sans distinction tous les élèves, l’accès aux programmes enrichis du réseau public et à l’école privée dépend de critères de sélection liés, entre autres, aux moyens financiers des parents et au rendement scolaire des élèves, ce dernier critère demeurant étroitement corrélé au milieu d’origine.
- La répartition des élèves entre les différents parcours scolaires (privé, public enrichi, public régulier) reflète le bagage culturel et scolaire et les ressources économiques des parents.
- L’effet de ce système est double : d’une part, il regroupe les élèves « performants », issus de milieux plus favorisés et avec moins de besoins particuliers dans le réseau privé et dans le réseau public enrichi; d’autre part, il concentre les élèves issus de milieux défavorisés et avec plus de besoins particuliers dans le réseau public régulier, entraînant dans ces classes des conditions d’enseignement et d’apprentissage moins propices à la réussite.
- Les élèves du privé et du public enrichi accèdent plus fréquemment au cégep et à l’université que ceux du public régulier. L’organisation scolaire contribuerait ainsi à reproduire les hiérarchies sociales au détriment des élèves du public régulier dont l’insertion professionnelle et les conditions de vie et de santé futures risquent d’être plus précaires.
Quelles orientations pour l’égalité des chances?
- Deux grandes approches de l’égalité des chances en éducation et de la réussite scolaire coexistent. La première privilégie des mesures ciblées, comme l’élargissement de l’accès aux programmes à projets particuliers ou encore le recours à l’intelligence artificielle pour identifier plus tôt les élèves à risque de décrochage scolaire. La seconde va plus loin en proposant une transformation progressive de la structure scolaire pour favoriser une meilleure mixité sociale à l’école et ainsi limiter la séparation entre groupes d’élèves. Des voix s’élèvent également pour réclamer un meilleur financement afin d’améliorer la qualité de l’accompagnement et de réduire les écarts de réussite.
- La question des effets de la mixité sociale à l’école sur la réussite scolaire du plus grand nombre figure parmi les débats actuels importants en matière d’éducation au Québec et ailleurs.
- Depuis plusieurs années, des acteurs et actrices du milieu éducatif réclament la tenue d’États généraux de l’éducation, trente ans après les précédents, afin de dresser un bilan de l’égalité des chances et d’explorer les moyens de la concrétiser davantage.
Ce projet a pu être réalisé grâce à la contribution financière du ministère de la Santé et des Services sociaux.




