Retour sur la table ronde «Qui sont les riches au Québec?»

Publié le 23 octobre 2024

Le 16 octobre dernier, l’Observatoire a convié ses membres à une table ronde sur le sujet de la richesse. Pour débuter, Mamadou Diallo, chercheur en résidence à l’Observatoire québécois des inégalités et doctorant en études de populations à l’INRS, a présenté en exclusivité les résultats d’une analyse qui sera publiée dans quelques semaines.

Cette présentation a été suivie d’une discussion avec Dahlia Namian, sociologue et professeure associée à l’Université d’Ottawa, Claire Trottier, philanthrope, et Mamadou Diallo lui-même, sous la modération de Nathalie Guay, directrice de l’Observatoire québécois des inégalités. 

 

Pourquoi s’intéresser aux mieux nantis ?

S’intéresser aux mieux nantis ( ici, les personnes faisant partie  des 10% les plus riches) permet de mettre en évidence  le lien entre richesse extrême et pauvreté persistante. En effet, la concentration de la richesse dans une petite élite contribue à maintenir les inégalités, limitant la mobilité sociale et rendant difficile l’amélioration des conditions de vie pour les moins fortunés. Les mieux nantis ont également un impact disproportionné sur l’environnement, leurs émissions de carbone étant beaucoup plus élevées que celles des moins nantis qui en subissent plus durement les conséquences. 

Enfin, s’intéresser aux 10% les plus riches  permet  de mieux saisir les inégalités socio-économiques, les dynamiques qui oeuvrent à perpétuer les inégalités,  ainsi que  de  réfléchir aux solutions pour les réduire.

 

Quelles tendances ?

À travers l’analyse de données fiscales de la banque de données administratives longitudinale de Statistique Canada, Mamadou Diallo a esquissé un portrait des mieux nantis au Québec et au Canada mettant en évidence la surreprésentation et la sous-représentation de certains groupes. Ses résultats seront dévoilés dans le courant du mois de novembre sur le site de l’Observatoire.

 

Un impact environnemental

Selon Oxfam (2023), les plus riches sont responsables d’une part disproportionnée des émissions de carbone, aggravant les effets des changements climatiques qui touchent les populations les plus pauvres. En 2019, le 1% le plus riche était responsable de 16% des émissions mondiales, causant des dommages importants, comme 1,3 million de décès supplémentaires liés à la chaleur.

 

Les inégalités de patrimoine dans le viseur

Après la présentation, Dahlia Namian, sociologue et autrice de la Société de provocation et Claire Trottier, philanthrope et investisseuse qui siège au conseil d’administration de la Fondation de la famille Trottier, ont notamment suggéré de placer le projecteur sur les inégalités de patrimoine plutôt que sur les seules inégalités de revenus. Claire Trottier a également insisté sur le rôle central de l’héritage, facteur déterminant dans la transmission des richesses. Cette transmission contribue à la persistance des inégalités à travers les générations, contredisant l’idée d’une méritocratie. Dahlia Namian a noté que les données sur le patrimoine sont difficiles à obtenir, mais l’importance de l’héritage reste indéniable. 

En outre, l’héritage ne se limite pas à l’argent, mais inclut un patrimoine culturel, intellectuel et social, ce qui creuse encore davantage les inégalités. La discussion a également souligné le rôle crucial de l’éducation dans la reproduction des inégalités. Les écoles privées et les réseaux d’influence favorisent les plus riches, renforçant ainsi les inégalités dès le plus jeune âge.

Au Québec, l’admiration des riches et le tabou autour de la richesse amplifient les disparités, en créant une forme de domination symbolique et culturelle qui valorise les plus fortunés.

 

Quelles pistes de solution ? 

Parmi les solutions proposées pour réduire les inégalités de richesse, l’instauration d’une fiscalité plus équitable, notamment à travers la taxation des gains en capital, est mise de l’avant pour rétablir une certaine justice sociale. Les panélistes ont également évoqué la nécessité de renforcer les mesures contre les changements climatiques. En effet, le « capitalisme vert », qui tente de concilier croissance économique et durabilité environnementale, a été critiqué comme étant un mirage qui permet de plus aux plus riches de continuer à être à l’origine  des plus gros dommages environnementaux sans en subir les conséquences.

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