Thème: Éducation
Publié le 3 avril 2025
Avec la série «Parole de stagiaire», l’Observatoire québécois des inégalités (OQI) donne la parole à ses chercheurs et chercheuses en résidence. Dans cet article, c’est Véronique Grenier qui se prête au jeu. Véronique est spécialisée en sociologie de l’éducation et s’est particulièrement intéressée au marché scolaire québécois au niveau de l’enseignement secondaire et aux inégalités qu’il crée dans le cadre de ses recherches.
Qu’est-ce qui t’a amenée à faire un stage à l’OQI?
Quand l’occasion s’est présentée, je faisais un deuxième stage postdoctoral à l’Université du Québec à Montréal sous la supervision de Geneviève Audet et j’avais des discussions avec Xavier St-Denis [ NDLR : professeur adjoint à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et collaborateur de l’OQI ] avec qui je partage des intérêts de recherche commun. Sous sa direction, j’ai postulé à la Bourse postdoctorale Banting et étais en attente d’une réponse. Connaissant mon expertise en sociologie de l’éducation et sur les inégalités sociales, Xavier m’a parlé d’une opportunité de stage à l’OQI pour collaborer au Bulletin de l’égalité des chances. Moi qui avais surtout utilisé des méthodes qualitatives pour mes recherches, je lui avais fait part de l’intérêt de me rapprocher un peu plus des méthodes quantitatives pour éventuellement développer une méthodologie mixte pour aborder mes questions de recherche (le marché scolaire, le système scolaire à trois vitesses au secondaire).
Connaissais-tu l’OQI avant ça?
Pas tellement, l’Observatoire a été mis sur mon radar principalement avec la publication de la première édition du Bulletin dont l’analyse thématique portait sur le système éducatif à trois vitesses, un sujet que je suis de près. Le stage m’a vraiment permis de me familiariser avec la mission de l’OQI et de découvrir l’éventail de ses productions.
Quelle était la nature de ton mandat dans le cadre de ton poste de chercheuse en résidence?
Mon rôle était de chercher, classer, répertorier les données quantitatives et historiques liées à la question de l’égalité des chances en éducation au Québec, du préscolaire au secondaire, y compris la formation professionnelle et la formation générale des adultes. J’ai mis ces données en commun, en les contextualisant et j’ai produit une première analyse descriptive des données pour les rendre accessibles, tout en soulevant des hypothèses à la lumière des recherches existantes.

Véronique Fournier et François Fournier, chercheur à l’observatoire et coordinateur du Bulletin de l’égalité des chances.
Qu’as-tu particulièrement apprécié de ton expérience?
Au niveau du sujet [ sociologie de l’éducation et l’égalité des chances ], j’a eu la chance de me familiariser davantage avec les différentes sources de données quantitatives disponibles au Québec et au Canada et ça m’a permis de développer des compétences complémentaires à l’expertise que j’avais, qui était davantage qualitative.
J’ai eu plusieurs expériences dans des centres de recherches, à la maîtrise, au doctorat et au postdoctorat, au Québec et à l’étranger et je trouve que la plus-value principale d’un stage hors milieu de recherche, comme à l’OQI, est le fait de développer significativement un réseau de contacts hors du milieu universitaire. Dans le cadre de mon mandat, j’ai été appelée à prendre contact avec différentes personnes et je pense que le fait d’avoir le statut de chercheuse en résidence à l’Observatoire a aidé à obtenir des réponses de la part de certains organismes. Il y a aussi le comité aviseur du Bulletin de l’égalité des chances, composé de chercheurs et chercheuses, mais aussi d’acteurs et actrices clés du monde de l’éducation, des personnes travaillant dans des fédérations professionnelles, des syndicats et des organisations, auquel j’ai eu un accès privilégié.
Ce réseau que j’ai développé dans le cadre de mon stage, je peux aujourd’hui le mettre à profit dans le cadre de mes recherches. Par exemple, en ce moment, pour le projet que je mène dans le cadre de mon troisième stage postdoctoral, je contacte des personnes avec qui j’ai établi des liens en tant que chercheuse en résidence à l’Observatoire. Vu que j’ai déjà eu des échanges avec ces personnes-là, qu’on a parlé d’intérêts de recherche communs, ça facilite la collaboration.
De plus, dans les centres de recherche, même si des fois, il y a des conférences, des activités de transfert de connaissances, quand on est étudiant·e ou chercheur·se postdoctoral·e, on peut passer dans un certain sens un peu plus sous le radar. Dans le cadre de mon stage à l’Observatoire, par contre, j’ai été dans une position bénéficiant de plus de visibilité.
Que dirais-tu à un·e étudiant·e qui se demanderait à quoi s’attendre lorsqu’on devient chercheur·se en résidence à l’OQI?
Évidemment, l’expérience peut varier grandement d’une personne à l’autre et selon le mandat, mais je pense qu’il ou elle peut s’attendre à être pleinement intégré·e à une équipe et d’avoir un mandat bien défini. Il ou elle va être amené·e à développer différentes compétences liées au travail collaboratif : être à l’écoute des autres, être en mesure de faire des compromis, de bien communiquer ses points de vue, de mettre ses limites, d’apprendre des autres. Vivre cette expérience-là peut-être bénéfique, surtout comme étudiant·e. Cela permet de développer une certaine confiance en ses compétences.
Maintenant que ton stage est terminé, quels sont tes projets?
Depuis un an, j’ai commencé mon troisième stage postdoctoral à l’INRS, au Centre Urbanisation Culture Société, sous la supervision de Xavier St-Denis. Je travaille de nouveau sur la question du système éducatif à trois vitesses au secondaire, mais cette fois-ci en contexte rural, ce qui a été peu étudié, autant au Québec qu’ailleurs. Mon objectif principal, c’est d’éventuellement obtenir un poste de professeur.. Sinon, les autres possibilités pour moi, c’est de travailler dans la fonction publique, dans un centre de services scolaire ou au ministère de l’Éducation, par exemple, ou une organisation intéressée aux questions liées à l’éducation.
Pour découvrir une autre chercheuse en résidence : Parole de stagiaire – Héloïse Michaud.