Thème: Économie
Publié le 23 avril 2025
Montréal, le 24 avril 2025 – L’Observatoire québécois des inégalités publie une note de recherche sur les effets de certaines mesures fiscales sur la taille des classes moyennes*. Ce rapport est le troisième et dernier volet d’un projet de recherche plus vaste sur les classes moyennes au Québec et au Canada amorcé à l’automne dernier.
Après avoir présenté un bilan des connaissances des classes moyennes dans la première note de recherche, l’Observatoire a brossé son portrait et son évolution au Canada et au Québec dans la deuxième, en mettant notamment de l’avant le rôle des transferts gouvernementaux et de la fiscalité dans son maintien. En effet, s’il n’en tenait qu’au marché, le nombre de personnes composant la classe moyenne aurait diminué dans les 50 dernières années.
« L’objectif de cette troisième note était de voir comment certaines mesures fiscales contribuent à la taille des classes moyennes en effectuant des simulations via la Base de données de simulation de politiques sociales de Statistique Canada », explique Ferdaous Roussafi, chercheuse à l’Observatoire et co-autrice de la note.
Des mesures à géométrie variable
Parmi les mesures analysées, les allocations familiales, tant au fédéral qu’au provincial, démontrent un impact positif sur la taille des classes moyennes. L’Allocation canadienne pour enfants permet à près de 1 million de personnes au Canada et 300 000 au Québec de quitter la classe défavorisée pour rejoindre les classes moyennes. Au Québec, l’Allocation famille exerce un effet similaire favorisant l’accès de 120 000 personnes à la classe moyenne.
D’autres mesures visant les ménages à faible revenu exercent également un effet positif sur la taille des classes moyennes, mais de moindre envergure. Le crédit d’impôt remboursable pour la TPS/TVH permet à près de 125 000 personnes au Canada et à près de 30 000 personnes au Québec d’accéder aux classes moyennes. Le crédit d’impôt pour solidarité au Québec génère un effet plus important en sortant environ 120 000 personnes de la classe défavorisée.
En revanche, le crédit d’impôt fédéral pour l’achat d’une première habitation et le crédit d’impôt québécois pour l’achat d’une habitation ont un impact négligeable sur la taille des classes moyennes, autant au Québec qu’au Canada, et bénéficient surtout aux ménages de la classe moyenne et favorisée.
L’étude met également de l’avant l’impact différencié des mesures selon le type de ménage, le mode d’occupation et le niveau de scolarité. Ainsi, on constate que les personnes sans diplôme sont sous-représentées parmi les bénéficiaires de ces six mesures par rapport à leur poids démographique.
Des politiques de redistribution indispensables, mais inégales
Ce projet de recherche en trois parties démontre bien la complexité du concept de classe moyenne. Puisque ses contours sont flous et varient d’une définition à l’autre, de nombreuses personnes s’y identifient. Ainsi, il est souvent invoqué dans l’espace public et politique pour s’adresser au plus grand nombre.
En s’intéressant à la composition et à l’évolution des classes moyennes au Canada et au Québec au cours des 50 dernières années, on constate que s’il n’y a pas eu de déclassement, c’est en partie grâce aux politiques de redistribution. Le Québec s’en sort d’ailleurs mieux que le Canada précisément grâce à des mécanismes de redistribution plus généreux.
Ainsi, les politiques fiscales permettent de corriger les inégalités de plus en plus importantes générées par le marché. C’est un investissement important qui permet à de nombreuses personnes d’améliorer ou de maintenir leurs conditions de vie, même lorsque les inégalités de marché persistent ou s’accentuent. « Si les inégalités sur le marché continuent à croître et que nous souhaitons collectivement maintenir une classe moyenne forte, il pourrait nous en coûter de plus en plus cher. Cela peut aussi nous encourager à nous intéresser davantage aux mesures permettant de réduire les inégalités à la source », note Nathalie Guay, directrice générale de l’Observatoire.
* Le choix du pluriel s’explique par l’hétérogénéité du groupe. « Loin de désigner un groupe spécifique avec des caractéristiques connues, les classes moyennes correspondent à un « entre-deux. » – Roberson Édouard, chercheur senior et auteur de la première note de recherche.
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Julia Haurio
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