Inégalités: de l’indignation aux solutions

Publié le 16 janvier 2024

Encore cette année, le rapport d’Oxfam sur les inégalités mondiales suscite des débats et une bonne dose d’indignation. On y apprend que cinq milliards de personnes se sont appauvries depuis 2020 alors que les cinq hommes les plus riches du monde ont doublé leur fortune et que les 1 % les plus riches de la planète émettent autant de carbone que les deux tiers les plus pauvres de l’humanité. Le rapport insiste particulièrement sur les inégalités de pouvoir au bénéfice des entreprises multinationales, mais aussi sur la répartition inégale de la richesse entre les hommes et les femmes – globalement les hommes possèdent 105 000 milliards de dollars de richesses de plus que les femmes – et entre les ménages blancs et les ménages racisés – « aux États-Unis, la richesse d’un ménage noir moyen ne représente que 15,8 % de celle d’un ménage blanc moyen ». 

Le Québec peut être fier d’avoir su agir pour réduire certaines inégalités. Comme on le mentionne souvent, les inégalités de revenu après impôt, si elles sont plus élevées qu’au début des années 1980, se sont stabilisées au cours des deux dernières décennies. Cela est dû à une série de mesures fiscales, de transferts, de programmes sociaux et de politiques publiques, comme la politique familiale adoptée en 1997 qui a soutenu l’entrée massive des femmes sur le marché du travail.

On constate toutefois une dégradation de la situation à divers égards au Québec. L’inflation et la crise du logement exercent une pression plus forte sur les ménages les moins nantis. Cela entraîne une hausse de l’insécurité alimentaire, qui est passée de 12,7% à 14,7% de 2020 à 2021, et qui affecte 1 250 000 personnes au Québec. L’automne dernier, nous avons appris que le nombre de personnes en situation d’itinérance a bondi de 44% en 4 ans, et que le phénomène gagne de l’importance dans presque toutes les régions du Québec. L’année 2023 a aussi été marquée par de nombreuses discussions sur le système scolaire à trois vitesses qui compromet l’égalité des chances au Québec. 

D’autres aspects attendent encore qu’on s’y penche avec plus d’attention. Par exemple, nous savons que les inégalités de richesse sont particulièrement élevées au Québec: la famille faisant partie des 10 % les plus riches possède un patrimoine 76 fois plus élevé que la famille faisant partie des 40 % les plus pauvres. Comme le souligne à juste titre le rapport d’Oxfam, les changements climatiques affectent davantage les personnes déjà pénalisées par les inégalités, non seulement dans les pays plus pauvres, mais à l’intérieur de tous les pays. Au Québec, notre évaluation de l’empreinte carbone des ménages basée sur la consommation confirme que les ménages mieux nantis émettent significativement plus de GES que les moins nantis. Et cela sans parler des nombreuses disparités qui affectent les conditions de vie des autochtones.

Comme notre histoire en témoigne, un arsenal de solutions existe afin d’agir sur les inégalités, et plusieurs organisations, ici Oxfam, proposent des pistes qui méritent d’être étudiées. Si un meilleur accès à des données de qualité, notamment sur la richesse détenue au sommet de la distribution et sur la consommation, est absolument nécessaire pour guider le développement de ces mesures, il faut aussi prendre le temps d’en débattre et créer les conditions pour faire de la réduction des inégalités un objectif de société au Québec. C’est la raison pour laquelle l’Observatoire québécois des inégalités et la Maison des affaires publiques et internationales de l’Université de Montréal organisent une table-ronde sur les perspectives québécoises sur la réduction des inégalités. Rendez-vous le 19 janvier!

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